Pix et l'ANLCI luttent ensemble contre l'illectronisme
- Administrateur

- 9 sept. 2024
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Après un premier accord-cadre en faveur de la lutte contre l'illectronisme conclu en 2019, Pix et l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme renouvellent leur engagement par une convention de partenariat, « plus opérationnelle. » Explications.
L'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) et Pix, le service public en ligne d'évaluation et de certification des compétences numériques, ont conclu une convention de partenariat au printemps dernier. L'objectif : mieux comprendre et agir contre l'illectronisme, cette difficulté à utiliser les outils numériques du quotidien qui touche 8 millions de personnes en France. À noter que les chiffres varient selon les sources et les définitions utilisés. Exemple avec l'enquête Credoc publiée fin 2022 et ses 16 millions de personnes qui déclarent se sentir éloignées du numérique, soit 3 millions de plus qu'en 2017. « Un des objectifs du partenariat est justement de poser des repères partagés qui permettraient d'établir une lecture commune et aussi large que possible de l'illectronisme », explique Benjamin Marteau, directeur de Pix. Il s'agit de « mieux comprendre pour mieux agir ensemble. » C'est-à-dire ? « Mieux détecter les difficultés et les besoins des personnes, pour mieux les orienter et mieux les accompagner, et donc mieux outiller les professionnels en charge de cet accompagnement. » Plus opérationnelle que l'accord-cadre de 2019, le partenariat de 2024 permettra par exemple de croiser les données des observatoires de chacune des organisations et d'améliorer l'accessibilité de la plateforme Pix.
Détecter et orienter
Du fait de leur champ respectif, la collaboration entre l'ANLCI et Pix devrait permettre d'améliorer la détection des situations d'illectronisme, notamment lorsqu'elles sont liées à des difficultés avec la lecture et l'écriture. « Si nous détectons qu'une personne a des difficultés avec le numérique mais que la vraie raison est l'illettrisme, nous devons pouvoir l'orienter vers les bons dispositifs d'accompagnement », souligne Hervé Fernandez, directeur général de l'ANLCI. Il le rappelle, l'enquête Insee FLV de 2022 révèle que « seulement » 83 % des personnes en difficulté face à l'écrit ont utilisé Internet au cours des trois mois précédant l'enquête, contre 97 % de l'ensemble des personnes âgées de 18 à 64 ans. Et d'insister : « la détection et l'orientation sont très importantes car si l'illettrisme n'est pas repéré au bon moment, la prescription de formation professionnelle ou de montée en compétences numériques sera inadaptée. » D'où l'intérêt de la convention qui prévoit de mieux articuler la plateforme Pix avec les outils de l'ANLCI, comme la démarche de formation multi-compétences Duplex et l'outil numérique de positionnement des compétences de base Eva.
Former tout au long de la vie
Face à l'évolution rapide des technologies, les deux organismes insistent sur la nécessité d'une formation continue aux compétences numériques. « Nous devons penser des outils et des dispositifs de formation qui s'adaptent en permanence à l'évolution des compétences requises », indique Benjamin Marteau. Pour l'ANLCI, c'est précisément ce que Jean-Marie Besse écrivait en 2019 dans son Livre blanc contre l'illectronisme : « une caractéristique centrale du numérique : aucun apprentissage n'y est définitif. Les mises à jour, les nouveautés technologiques, les nouvelles applications sont souvent déstabilisantes. C'est une remise en cause permanente de ses savoir-faire qui est nécessaire, et qui mobilise une plasticité et une souplesse constante. »
Esprit critique
L'ANLCI et Pix rappellent enfin que la maîtrise du numérique ne se limite pas aux aspects techniques. « Il est essentiel de développer l'esprit critique et la compréhension des enjeux du numérique pour que chacun puisse faire des choix éclairés », précise Hervé Fernandez. Alors que la dématérialisation des services s'accélère, l'ambition commune des deux organisations est bien de donner les clés pour évoluer sereinement dans un monde de plus en plus numérique. Reste que si l'on est là au cœur de la raison d'être de ces deux organisations, on peut aussi se souvenir de l'avertissement formulé en 2003 par Yves Lasfargue [ 1 ] dans son ouvrage Halte aux absurdités technologiques : une société véritablement inclusive ne peut être exclusivement numérique.
« Nous sommes dans le pharmakon de Platon évoqué par Bernard Stiegler[ 2 ] », commente Benjamin Marteau : « comme toute technique, le numérique peut être à la fois un remède et un poison. » Hervé Fernandez l'avait relevé en début d'entretien : « le sentiment d'éloignement numérique est aussi pour partie lié à l'exigence de numérique imposée par la société, l'économie et l'État. »
Pix : pix.fr
Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) : anlci.gouv.fr
Source : Centre Inffo - 05 09 2024







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