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Les nouveaux comportements issus du numérique appellent à changer la formation (Jean-Marc Monteil)

Face à l'obésité informationnelle et à l'externalisation de la mémoire qui caractérisent la révolution numérique, le psychosociologue Jean-Marc Monteil appelle à une refonte des stratégies de formation.


L'accélération des évolutions technologiques, du numérique à l'intelligence artificielle, ne transforme pas seulement nos outils, mais modifie en profondeur nos comportements. Pour le psychosociologue Jean-Marc Monteil, [ 1 ], toutes les stratégies pédagogiques sont à revoir. Il faudrait, a-t-il défendu lors des rencontres nationales des acteurs des formations d'avenir organisées par le SGPI [ 2 ] (Écully, 20 et 21 novembre), placer la coopération et la pluralisation des contextes au cœur d'une nouvelle économie cognitive, essentielle pour s'adapter et innover.

Trier, hiérarchiser, contextualiser

Le premier défi comportemental identifié par Jean-Marc Monteil est notre confrontation à une « obésité informationnelle considérable. » Dans un monde où les données se mesurent en zetta-octets [ 3 ], la capacité à organiser le flux incessant d'informations devient une compétence de survie intellectuelle : « si nous ne sommes pas en mesure de pouvoir trier, hiérarchiser et contextualiser l'information à laquelle nous avons accès, le risque majeur est la confusion entre croyances et savoirs », prévient-il. Et d'illustrer : « le danger de la machine pour les natifs de l'IA, ce n'est pas la machine, mais le risque d'être conduit à ne désirer que ce que la machine peut donner. » Aussi la réponse ne réside-t-elle pas dans le rejet de la technologie, mais dans l'acquisition de compétences cognitives fondamentales.

Approches plurielles

C'est ici que la formation, et plus particulièrement le formateur, trouve un rôle renouvelé et essentiel. Les outils technologiques ne remplacent pas le professeur mais, au contraire, renforcent sa mission de guide et d'accompagnement. Ceci, d'autant plus que s'ajoute à l'obésité informationnelle un phénomène croissant d' « externalisation des mémoires. »Parce que nos souvenirs et nos connaissances sont de plus en plus stockés dans les réseaux, notre rapport à la mémorisation évolue et entraîne l'émergence d'une « nouvelle économie cognitive », plaide Jean-Marc Monteil.

Si les technologies actuelles interrogent nos pratiques, elles offrent aussi paradoxalement des solutions. Grâce au numérique et à l'IA, il est ainsi possible de présenter une même information de multiples manières. « En pluralisant les contextes, on augmente la probabilité que cette information puisse être traitée de manière correcte par plus de gens », apprécie l'expert. Cette approche permet de s'adapter à la diversité des apprenants et de réduire les inégalités d'accès au savoir, en asservissant l'outil technologique à des objectifs pédagogiques clairs.

La coopération, compétence d'avenir

Pour Jean-Marc Monteil, la compétence psychosociale la plus déterminante pour la performance est sans doute la coopération. Dressant un parallèle avec l'IA, il explique : « la super intelligence artificielle, c'est la coopération entre des masses de données [...] ; l'intelligence humaine, c'est la coopération entre des individus. » Or, cette compétence psychosociale n'est pas innée, elle doit faire l'objet d'un apprentissage structuré.

Une stratégie de formation efficace doit donc placer la coopération en son centre. Il ne s'agit pas simplement de « travailler ensemble » (collaboration), mais de « construire ensemble » (coopération). Cela implique de reconnaître que chaque individu possède une expertise propre, et que ces expertises, « pas de même niveau, mais [...] d'égale dignité », sont essentielles à la résolution de problèmes complexes. Cette approche modifie la structure même du travail : la hiérarchie statutaire cède le pas à une « hiérarchie des expertises », contingente au problème à résoudre. En valorisant la contribution de chacun, la coopération devient un levier puissant pour renforcer « la confiance en soi et une estime de soi positive », deux piliers du développement personnel et professionnel.

De la réparation à l'anticipation

Dans ce paysage en mutation, la formation continue ne peut plus se contenter d'être « réparatrice. » Elle doit devenir « anticipatrice. » Si les métiers de demain sont encore inconnus, les compétences comportementales qu'ils exigeront peuvent être anticipées. Pour Jean-Marc Monteil, les nouveaux fondements de la « stratégie pédagogique » de demain ne s'inscrivent pas dans la maîtrise technique des nouveaux outils, mais dans la capacité à coopérer, à s'adapter et à naviguer dans des contextes pluriels.


Centre Inffo - 26 11 2025

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