Les assureurs recrutent toujours davantage d'apprentis

Dans son premier rapport post-réforme des aides à l'embauche des alternants, l'Observatoire des métiers de l'assurance constate que les recrutements de ces derniers continuent de progresser. Les assureurs ont recruté davantage d'alternants de niveau infra-Bac, et moins de Bac+3.

Malgré la révision de la prime à l'embauche des apprentis en 2023, les sociétés d'assurance n'en ont jamais autant recruté. C'est ce que constate l'Observatoire sur les métiers et les formations des salariés de l'assurance. Celui-ci présentait, le 24 octobre à Paris et à distance, son rapport pour l'année 2023, réalisé à partir des réponses de 98% des entreprises du secteur. L'instauration, à partir du 1er janvier 2023, d'une aide unique de 6 000 euros pour la première année de contrat d'un apprenti -en remplacement de celles de 5 000 euros et 8 000 euros selon l'âge de l'apprenti-, n'a pas réduit l'intérêt des assureurs pour ces contrats. Au contraire. Le secteur, qui emploie 157 000 salariés, a en effet recruté 4 200 apprentis en 2023 (4 850 en comptant les contrats de professionnalisation), soir 280 de plus qu'en 2022, et 540 de plus qu'en 2021.

Pas de fin d'effet d'aubaine

Norbert Girard, secrétaire général de l'observatoire, estime que les sociétés d'assurance ont acquis une « culture de l'alternance ». De fait, les alternants représentaient environ un quart (23,6%) des recrutements du secteur en 2023. Une proportion en légère baisse par rapport à l'année précédent (25%), mais qui s'explique par le nombre important d'embauches tous contrats confondus (20 600) réalisées cette année-là. Sur 10 ans, la proportion d'alternants dans les recrutements totaux oscille autour de 24% -avec davantage d'apprentis et moins de contrats de professionnalisation-, et leur nombre progresse de manière régulière, ce qui semble exclure un effet d'aubaine généré par les primes. Dans le même sens, Norbert Girard relève que, pour les sociétés d'assurance, qui ne sont pas forcément les plus attractives, « il est deux fois moins compliqué de recruter un alternant qu'un CDD ou qu'un CDD ».

Des alternants moins diplômés

En revanche, les assureurs ont marqué, en 2023, une pause dans leur tendance à recruter des alternants toujours plus diplômés. Ainsi, la proportion d'alternants avec un niveau initial infra-bac, qui diminuait régulièrement ce dernières années (35,3% en 2013 ; 23,9% en 2018 ; 22,7% en 2022), est brusquement remontée à 26,3% (+3,6 points), « grâce aux recrutements massifs dans les domaines commerciaux mais aussi environnement de travail », expliquent les auteurs du rapport. Et si la proportion de Bac+2 poursuit son repli régulier (-1,7 point à 21%, contre 22,9% en 2018 et 30% en 2013), celle des Bac+3 recule en revanche assez nettement alors qu'elle progressait jusque-là (-3,4 points à 36,6%, contre 34,5% en 2018 et 24,7% en 2013). Les Bac+5 –double diplôme professionnalisant – progressent de 2,5 points.

L'observatoire se garde de conclure à un renversement de tendance. Prudemment, il constate des « évolutions quelque peu erratiques selon les années ». Rappelons que la Cour des comptes a plusieurs fois critiqué la réforme de l'alternance issue de la loi « avenir professionnel », ainsi que les aides à l'embauche, pour leur effet de concentration des embauches sur les alternants issus du supérieur et à l'inverse leur faible impact sur les moins qualifiés. Les sages préconisaient de mettre fin aux aides exceptionnelles.

Source : Centre Inffo - 18 11 2024