Les APP en quête de reconnaissance par l'écosystème emploi-formation
- Administrateur

- 17 juin 2024
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État via la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle), service public de l'emploi via France Travail, opérateurs de compétences via Uniformation et paritarisme via Certif Pro, ils étaient tous présents pour ouvrir les Assises nationales des ateliers de pédagogie personnalisée (APP), organisées par l'APapp les 13 et 14 juin à Marseille. Et si tous reconnaissent la proposition de valeur des APP, ces derniers ont fait connaître des difficultés croissantes à remplir leur mission.
La date exacte du souvenir est incertaine mais nous sommes avant 2007. Ce jour-là, les Ateliers de pédagogie personnalisée (APP) étaient réunis par Iota+, alors structure nationale d'animation du réseau. À l'ordre du jour, la question d'un rapprochement avec le monde du travail et les entreprises, provoque l'émoi d'une partie des participants qui se déclarent soucieux du devenir de leur âme. Mutatis mutandis ou expression d'un en-même temps qui s'enracine, ce jeudi 13 avril 2024, à Marseille, pour les Assises nationales des APP organisée par l'APapp, c'est Xavier Royer, vice-président de Certif Pro au titre du Medef que l'on découvre en plus ardent défenseur de la démarche pédagogique portée par le label APP. Le tout, avec l'approbation enthousiaste d'une audience biberonnée aux valeurs de l'éducation permanente.
Moyens en berne
Cela tombe bien, en invitant ses partenaires à ouvrir ses Assises nationales, l'APapp avait un objectif principal résumé par sa déléguée générale Laurence Martin : « mieux travailler ensemble. » Ce qui suppose de se dire les choses. L'écueil principal aura été rappelé en ouverture par le président Yves Vernon : « comment maintenir des organisations apprenantes au sein des territoires dans un contexte de baisse drastique des financements et quand les appels d'offre ne garantissent pas les moyens qui permettent de répondre aux besoins des publics ciblés par les donneurs d'ordre » ?
Nombre d'APP l'auront exprimé ce jour, c'est un sentiment d'incohérence et d'injustice qui grandit. Incohérence quand les coupes budgétaires contredisent la priorité aux plus vulnérables affichée dans les discours, injustice quand les appels d'offre sont emportés par le moins-disant. Sur ce dernier point, c'est le directeur du développement des compétences dans les territoires de France travail, Hervé Jouanneau, qui se veut rassurant : les prochains appels d'offre n'auront pas le prix pour critère essentiel.
Gagner en visibilité
Reste qu'en déficit de notoriété malgré leur 40 ans d'existence[ 1 ], les APP sont invités à partir à la rencontre des directions des agences territoriales pour se faire connaître. Conseil partagé par Olivier Phelip, directeur général d'Uniformation, qui rappelle que s'il n'appartient pas à l'Opco de prescrire tel ou tel ou tel organisme de formation, rien ne leur interdit de leur parler. Entendable mais pas si facile à faire pour des équipes APP déjà sous tension qui se disent submergées par les tâches administratives. Dommage quand la valeur ajoutée de ces acteurs de l'éducation permanente que sont les APP va au-delà de la formation, avec un rôle majeur en matière d'accompagnement qui intéresse les financeurs : « ce que vous produisez sur la trajectoire de vie d'une personne nous intéresse », insiste Olivier Phelip. Face à l'accompagnement qui « rend capable […], la formation, ce n'est pas le plus important », renchérit Xavier Royer.
Reconnaître l'accompagnement
Si la reconnaissance est importante, elle n'efface cependant pas le fait que cette valeur ajoutée de l'accompagnement est aujourd'hui, dixit Laurence Martin, une « zone grise » non financée. Ceci, d'autant plus que si l'accompagnement sert les « parcours sans couture » reconnus comme source de sortie positive, il se traduit aussi par un « temps long » qui devrait être davantage valorisé par les donneurs d'ordre, observe Yamina Bouayad Agha, coordinatrice de l'APP de Sète.
Pour le développeur de l'extension du périmètre de la formation avec l'Afest et les PSMP qu'est Laurent Duclos, chef de projet Ingénierie de parcours et stratégies d'accompagnement à la Dgefp, les APP doivent faire valoir leur contribution au « processus du développement de la compétence par habilitation » : « dans les APP, la reconnaissance est en amont parce qu'on habilite la personne à se lancer à l'assaut de ce qu'elle ne connaît pas, c'est une stratégie d'empowerment », apprécie-t-il.
Et pour le nerf de la guerre, pourquoi ne pas développer des « conférences de financeurs », interroge en conclusion Yves Vernon.
Source : Centre Inffo - 17 06 2024







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