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La filière hydrogène prépare les compétences de demain

Soutenue dans le cadre du plan France 2030, la filière hydrogène s’organise pour être au rendez-vous des 100 000 créations d’emploi anticipées à l’horizon 2030. Pour ce faire, les professionnels du secteur, fédérés au sein de l’association France Hydrogène, se sont entourés d’acteurs du champ de l’emploi et de la formation. Avec l’Afpa, Pôle emploi, le réseau des Carif-Oref, le groupe Adecco et une organisation spécialisée dans la décarbonation (EIT InnoEnergy), ils ont lancé fin 2022 le consortium Def’hy. Objectif : anticiper les besoins en compétences nécessaires à l’essor de la filière, identifier les métiers en tension et adapter l’offre de formation. Le projet, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » apporte des informations stratégiques aux acteurs de la filière. Présentés le 14 septembre, les résultats de leurs travaux débouchent par ailleurs sur dix recommandations destinées à répondre aux enjeux de développement des compétences et de formation.

Des métiers déjà en tension

La dynamique est enclenchée. La filière compte aujourd’hui 6 000 emplois, rappelle Philippe Boucly, président de France Hydrogène. Et selon LHH, filiale d’Adecco, les recrutements s’accélèrent. Le nombre d’offres d’emploi a ainsi augmenté de 77 % entre 2019 et 2022. Problème : la plupart des 80 métiers de la filière – chefs de projets, commerciaux, techniciens de maintenance, ingénieurs, etc. – font appel à des compétences qui sont recherchées dans d’autres domaines de l’industrie. D’où des tensions déjà palpables sur le marché de l’emploi. D’autre part, tous ces professionnels susceptibles de rejoindre la filière n’ont pas forcément l’expertise technique requise en matière d’hydrogène. Des phénomènes qui placent la filière en situation de risque, si rien n’est fait pour les résorber.

Une offre de formation en construction

Outre l’identification des besoins en compétences, le projet Def’hy fournit un état des lieux des formations et certifications aujourd’hui disponibles. Ce travail de recensement réalisé avec l’appui des Carif-Oref montre que l’offre commence à se structurer « mais reste encore balbutiante », constate Ludovic Bertrand, directeur du réseau des Carif-Oref. Ainsi sur les 216 formations recensées, 26 % s’avèrent être des parcours de sensibilisation à l’hydrogène, seulement 44 % préparent à des métiers qui sont au coeur de la filière. Sur ces 216 formations, seulement 35 % débouchent sur une certification. « L’offre de formation est encore dans une dynamique de construction : certains acteurs de la formation ont commencé à colorer leurs programmes existants, principalement sur des niveaux bac +4 et bac +5, et des industriels assurent eux-mêmes la montée en compétences de leurs salariés », précise Cécile Réveille-Dongradi, chargée de mission au réseau des Carif-Oref.

Des projets émergent dans les territoires

Sur le terrain, des initiatives voient le jour pour étoffer l’offre de formation. L’Afpa, en lien avec des industriels, investit le champ des métiers émergents à travers des incubateurs dont un des objectifs est d’élaborer de nouveaux parcours de formation et de faire évoluer les titres et diplômes. Des travaux centrés sur les métiers de l’hydrogène tel que celui de responsable technique d’installation hydrogène sont en cours dans une dizaine de régions. Les collectivités et les entreprises se mobilisent également. La Région Auvergne Rhône Alpes, par exemple, s’est dotée d’un « comité emploi formation hydrogène » qui réunit des pôles de compétitivité et des acteurs de la formation. En partenariat avec Pôle emploi, le Conseil régional, s’est associé à la start-up Symbio Hydrogen Academy pour former des demandeurs d’emploi aux métiers de l’hydrogène. Trente personnes ont d’ores et déjà bénéficié du dispositif et une quatrième promotion devrait démarrer en 2024. En parallèle, la start-up se lance dans la formation de formateurs, un enjeu là encore stratégique pour la filière. Former des experts qui pourront transmettre leurs compétences : c’est aussi un des axes du consortium Genhyo créé en Occitanie. Lauréat lui aussi de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir », le projet doté d’un budget de 27 millions d’euros sur cinq ans, réunit une vingtaine d’acteurs avec pour ambition de développer une offre de formation initiale et continue dans le domaine de l’hydrogène.

Faciliter les reconversions

Le mouvement est lancé. Reste à valoriser la filière encore méconnue pour attirer de nouveaux talents, jeunes ou moins jeunes. Le consortium Def’hy préconise d’élaborer des parcours certifiants et individualisés destinés à des personnes en reconversion. Ces « pass métiers » basés sur la transférabilité de compétences permettraient à des salariés évoluant dans des secteurs industriels en déclin de se réorienter vers les métiers de l’hydrogène. L’ensemble des travaux du projet Def’hy constitue un tremplin pour faire émerger de nouveaux projets en faveur de l’emploi et de la formation. Un des enjeux à l’avenir sera de coordonner les initiatives…


Def’hy : dix propositions au service des compétences

  • Créer un observatoire des métiers et compétences de la filière hydrogène

  • Créer une fresque de l’hydrogène pour sensibiliser les différents publics aux enjeux et débouchés de la filière

  • Créer un réseau d’ambassadeurs métiers pour promouvoir la filière au sein des collèges, lycées et partager des bonnes pratiques entre entreprises

  • Formaliser des parcours de reconversion basés sur la transférabilité des compétences – les « Pass métiers »

  • Mettre en place un label formation sécurité hydrogène

  • Créer un annuaire dynamique des formations hydrogène précisant les débouchés, les moyens techniques mobilisés, les dates et les places des sessions

  • Créer et animer une communauté de pratiques sur les formations hydrogène (DRH, responsables formation, formateurs, etc.)

  • Faciliter les démarches d’inscription aux répertoires des certifications (RNCP et RS)

  • Créer des campus territoriaux hydrogène interentreprises

  • Créer des CFA consacrés aux métiers de l’hydrogène

Source : Centre Inffo - 19 09 2023


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