Ailleurs : construire son projet pro en apprenant le français

Dans le Morbihan, sept personnes d'origine étrangère ont pu améliorer leurs compétences en français et construire un projet professionnel dans le cadre du dispositif Prépa Avenir FLE (français langues étrangère) proposé par la Région Bretagne. Une première à Locminé.

Son français est encore quelque peu hésitant, mais le bruit assourdissant des débroussailleuses à proximité n'empêchera pas Jamila d'exposer son parcours. Marocaine, elle a vécu 22 ans en Italie avant d'atterrir dans le Morbihan avec déjà une solide expérience professionnelle. « Là-bas, j'ai toujours travaillé avec les personnes âgées. Quand je suis arrivée ici, j'ai rencontré le problème de la langue... Alors j'ai fait cette formation pour passer cet obstacle. »

Problèmes de mobilité

Jamila fait partie de la première promotion Prépa Avenir FLE, lancée à Locminé, en novembre 2023 pour cinq mois. Pas une nouveauté dans le département, où le dispositif est déjà implanté à Pontivy, Vannes ou encore Loudéac. Mais pas à Locminé où un besoin était identifié. « Se rendre dans ces autres communes, pour les personnes ayant des problèmes de mobilité, c'est compliqué », relève Nathalie Lacour-Marzin, conseillère en formation continue au Greta Bretagne Sud.

Ils seront neuf au départ, pour terminer à sept. Des femmes, même si Prépa Avenir FLE est ouvert aux hommes.

Les candidats doivent répondre à plusieurs critères : être de nationalité étrangère, ne pas avoir le français pour langue maternelle et disposer au moins du niveau A1 dans celui-ci (compréhension élémentaire), être inscrits à France Travail, disposés de papiers en règle, etc.

Explorer les métiers

Le programme ne se limite pas à l'apprentissage de la langue de Molière. Les candidats sélectionnés doivent construire leur projet professionnel et appréhender la machine administrative française. « Un contrat de travail italien est totalement différent du nôtre, il faut donc avoir connaissance du droit du travail national, c'est quoi un syndicat, comment déclarer un arrêt maladie, etc. », énumère Danae Azorin, formatrice en insertion professionnelle. « C'est un vrai virage à 360° dans leur vie ! »

Très vite, dès le 8 janvier, arrivent les stages. L'occasion de découvrir des métiers, de se plonger dans un environnement de travail intégralement en français, surtout. De glaner des savoir-faire et savoir-être.

Parfois, tout ne se passe pas vraiment comme l'espérait la stagiaire. Au Maroc, Hajar avait déjà travaillé dans la pâtisserie et souhait poursuivre dans cette voie, « mais trouver un stage là-dedans [en France] a été difficile. » Elle s'est réorientée vers les métiers du service à la personne. Inna, d'Ukraine, se projette dans une formation de maîtresse de maison après avoir explorer les pistes « d'agent immobilier, de la crèche et de l'EHPAD. »

Sécurisation des parcours

A la fin de l'aventure, les stagiaires passent le DCL (diplôme de compétence en langue) sanctionnant des compétences en compréhension écrite / orale et expression écrite / orale, ainsi que la certification CVPP (confirmation et validation du projet professionnel).

« Dans une logique de sécurisation des parcours, les stagiaires sont suivis dans le cadre de l'accompagnement à la qualification, pour garantir leur entrée en formation ou dans l'emploi », assure Nathalie Lacour-Marzin. Une deuxième session pourrait voir le jour à Locminé.

Source : Centre Inffo - 13 06 2024