Maintenance de véhicules : une filière attractive… qui peine à recruter
- Administrateur
- 9 nov. 2023
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De nombreux jeunes s’orientent vers les formations en maintenance automobile, un secteur en pleine évolution. Selon une étude de l’Observatoire des métiers des services de l’automobile, les effectifs seraient suffisants pour faire face aux besoins de main d’œuvre. Mais à peine un tiers des jeunes s’insèrent dans le métier qu’ils préparent.
La maintenance des véhicules des particuliers fait partie des secteurs en pleine transformation. Dans une étude publiée en octobre, l’Observatoire des métiers des services de l’automobile fait le tour des évolutions qui touchent les entreprises du secteur : concessionnaires automobiles d’un côté et entreprises spécialisées dans l’entretien et la réparation de l’autre. L’essor des véhicules électriques n’aura pas la même incidence sur les deux activités. Selon le rythme d’électrification du parc automobile, 1 500 à 3 000 emplois seraient perdus annuellement à partir de 2030. Ces pertes d’emplois consisteront essentiellement en des départs à la retraite non remplacés, selon l’Observatoire. Les concessionnaires automobiles qui réalisent surtout des opérations de maintenance préventive sur des véhicules récents seront les premiers touchés. Le maintien en circulation de véhicules thermiques plus anciens préservera dans un premier temps l’activité des réseaux de mécaniciens réparateurs automobiles. L’ampleur des changements dépendra de la vitesse de transformation du parc automobile. Difficultés de recrutement Malgré ce contexte incertain, le marché de l’emploi reste dynamique. Selon l’Observatoire, les secteurs de la maintenance de véhicules particuliers créent de l’emploi de façon soutenue depuis 2014. En 2022, 21 000 recrutements ont été recensés, des embauches pas toujours faciles à concrétiser. « 45 % des recrutements dans les métiers de la maintenance ont été considérés comme difficile à pourvoir en 2020. A cela, il faut ajouter que 36 % des volontés de recrutements n’ont pas abouti », selon l’Observatoire. Pourtant, le secteur suscite des vocations. Les formations en maintenance automobile font partie des cursus professionnels les plus attractifs auprès des jeunes. Des formations qui attirent mais peinent à insérer Environ 12 000 jeunes sortent de formation CAP ou bac pro en maintenance de véhicules particuliers et carrosserie, selon l’Observatoire. Cela devrait suffire à combler les besoins, soit 3 000 à 5 000 diplômés par an pour remplacer les départs et faire face aux augmentations d’emplois. Comment dès lors expliquer les problèmes de recrutements ? Sur 12 000 jeunes engagés dans une formation préparant aux métiers de l’automobile, 22 % abandonnent avant la terminale, 21 % en année de terminale et seulement 57 % sortent diplômés. Et six mois après être sortis de formation, seulement 29 % sont en emploi dans le métier visé. 28 % exercent un autre métier et 43 % sont en recherche d’emploi. « Malgré un nombre élevé de jeunes entant en formation automobile, le système ne parvient pas à en intégrer suffisamment pour répondre aux besoins des entreprises »,résume l’Observatoire. Abandons en cours de formation, ruptures de contrats en alternance et réorientations : autant de facteurs qui expliquent cette situation. Accompagner des jeunes en difficultés Ces échecs et ces changements de voies ont plusieurs causes selon l’Observatoire. Les formations en maintenance automobile attirent des jeunes en très grande difficultés scolaires : 45 % des jeunes sortis de CAP ont redoublé au collège ou en primaire. Certains jeunes sont orientés dans cette voie partant du principe que leur intérêt pour l’univers de l’automobile pourra les réconcilier avec la formation. « Si cela fonctionne pour certains jeunes, cela conduit statistiquement à des arrêts de formation et une mauvaise insertion », selon l’Observatoire. Par ailleurs, l’évolution des véhicules conduit certains employeurs à rechercher des candidats plus diplômés et plus rares. « Cela conduit à une multiplication des débauchages dans les entreprises et une tension exacerbée », précise l’étude. Des pistes pour favoriser l’insertion Pour remédier à ces problèmes, plusieurs leviers pourraient être actionnés que ce soit au niveau des entreprises (renforcement du tutorat par exemple), des organismes de formation, des acteurs de l’orientation ou des pouvoirs publics… L’Association nationale pour la formation automobile (ANFA) qui accompagne la branche des services de l’automobile a mis en place un groupe de travail avec cinq CFA pilotes. Objectif : « définir des actions concrètes qui permettront d’accompagner les jeunes dans la construction d’un projet professionnel et favoriser une insertion durable. » L’association a par ailleurs déposer auprès du ministère de l’Education nationale une demande de rénovation des trois diplômes de la filière : CAP, bac pro et BTS maintenance des véhicules. Une initiative qui vise à mieux articuler les diplômes avec l’organisation des métiers en entreprise et à adapter les compétences aux enjeux d’évolution du parc automobile. De quoi renforcer l’attrait de la filière et mieux satisfaire les besoins des entreprises.
Source : Centre Inffo - 09 11 2023
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