La prison en voie d'insertion
- Administrateur
- 13 oct.
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Le travail est perçu comme un levier d'insertion en sortie de détention. Depuis 2022, des efforts sont entrepris pour faire entrer plus d'entreprises en prison et maintenir, voire développer, les formations des détenus en lien avec les régions. Bilan temporaire.
Depuis l'adoption de la loi créant le contrat d'emploi pénitentiaire [ 1 ], un léger mieux se fait sentir quant à la situation des personnes détenues vis-à-vis de l'insertion et de la formation. C'est ce que Chloé Cahuzac, adjointe au chef du service des politiques et de l'accompagnement vers l'emploi à l'Atigip (agence du TIG (travail d'intérêt général) et de l'insertion professionnelle), a défendu le 9 octobre devant les journalistes de l'Ajis (Association des journalistes de l'information sociale).
Car les effectifs de détenus ont beau croître (plus de 84 000 en juin 2025 pour 62 566 places), leur accès à l'emploi (environ 30 % des détenus travaillent) ou à un dispositif de formation (12 % des détenus formés, soit de 12 à 13 000 personnes par an) reste stable en pourcentage…
Environ 20 000 personnes détenues travaillent en prison (auprès de 400 entreprises). Pour mieux s'adapter aux besoins de personnes très éloignées de l'emploi (50 % des détenus n'ont aucun diplôme, 75 % se sont arrêtés avant le niveau CAP), l'administration pénitentiaire a facilité l'insertion par l'activité économique (IAE) dans ses murs. Après 7 structures d'IAE implantées de façon expérimentale en 2016, on en compte aujourd'hui 56. Pour les personnes handicapées, l'entreprise adaptée (EA) et les adaptations des postes de travail sont entrés en prison…
Travail formateur
La Lucarne d'Ariane, association qui porte un atelier et chantier d'insertion pénitentiaire, témoigne de ces efforts. Depuis 2018, elle salarie au SMIC des personnes sous-main de justice et les forme, à l'extérieur de la prison et en situation de travail, aux métiers du spectacle vivant (technicien son et lumière, chargé d'accueil)… Depuis 2024, elle salarie et forme en partenariat avec l'INA (Institut national audiovisuel) des détenus en tant que technicien son, grâce à un studio installé dans les murs de Fresnes.
« Il n'y a pas de travail sans formation préalable, pas de travail sans création et pas de création sans formation, explique Lou-Isadora Anaya, directrice de l'association. La formation, valorisante socialement et professionnellement, permet de refaire du lien ». Ces formations bénéficient du soutien du Plan d'investissement dans les compétences IAE, les détenus sont ainsi en mesure d'obtenir des CQP (certificats de qualification professionnels) ou des titres professionnels…
Un accès hétérogène à la formation
Si chaque région doit proposer un plan de formation en détention, pour permettre aux détenus d'acquérir des titres professionnels dans « les mêmes conditions qu'à l'extérieur », souligne Chloé Cahuzac, force est de constater une grande hétérogénéité selon les régions, avec des taux d'accès variant de 3 à 20 % des personnes formées. Une convention a été signée en 2022 avec Régions de France, mais « les besoins de formation sont immenses », admet Chloé Cahuzac.
D'autres modalités de formation peuvent être mobilisées : adaptation au poste de travail dans les entreprises, VAE (validation des acquis de l'expérience) pour certifier tout ou partie d'un titre à partir d'une expérience… Jusqu'au 31 décembre dernier, des contrats d'emploi pénitentiaire en apprentissage ont été expérimentés, permettant à 80 détenus d'être formés en cinq ans avec les modalités de l'apprentissage. Un vecteur législatif est attendu pour pérenniser ce dispositif.
Pour aller plus loin, lire l'ouvrage de référence Le travail en prison, par Gonzague Rambaud, ancien journaliste à Centre Inffo.
Source: Centre Inffo - 13 10 2025
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