La baisse de la commande publique menace les APP
- Administrateur
- 1 nov. 2024
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Comme d'autres réseaux de formation, les Ateliers de pédagogie personnalisée (APP) s'alarment des conséquences des contraintes budgétaires qui pèsent sur leur activité. Des organismes de formation en ressortent fragilisés.
Urof et Acteurs de la compétence (notre article), Synofdes (notre article), Missions locales (notre article) et, maintenant, l'APapp[ 1 ], c'est l'histoire d'un effondrement à bas bruit que les interpellations successives des réseaux d'organismes de formation œuvrant en faveur des publics les plus en difficulté s'efforcent de conjurer.
L'APapp vient de le faire savoir dans un communiqué adressé aux pouvoirs publics, à ses opérateurs et à des parlementaires, dans un marché qui vit au rythme de la commande publique, les décisions des donneurs d'ordre ont des conséquences très concrètes sur les organismes de formation et leurs publics cibles. « Pour l'année 2023-2024, c'est a minima 20 % d'activité en moins », précise au Quotidien de la formation Yves Vernon, président de l'association de promotion du label APP (APapp).
Une baisse significative de la commande publique, les APP en ont déjà connu en 40 ans d'existence. Mais ce qui inquiète le plus, c'est l'absence de visibilité à court et moyen terme. Face à des « marchés publics souvent reconduits avec des bons de commande à zéro », le réseau se retrouve dans l'impossibilité de se projeter et connaît déjà une baisse de ses effectifs de l'ordre de 20 %. La situation affecte pour l'instant surtout les contrats temporaires, « avec un non-renouvellement des CDD ou des CDD qui ne se transforment pas en CDI. » Conséquence, l'observation de quatre territoires[ 2 ] témoigne de cessation d'activité pour près d'une antenne sur cinq. Les antennes étant souvent hébergées dans des lieux tiers, il ne s'agit pas à proprement parler de fermeture d'APP. Mais Yves Vernon insiste, les antennes servant des « logiques d' "aller vers" », souvent en ZRR[ 3 ] ou QPV[ 4 ], il en découle des interruptions de services au détriment des publics les plus vulnérables.
D'une dette à l'autre
Au-delà, ce sont aussi les petits APP historiques, « souvent sous modèle associatifs centrés sur les compétences clés et la lutte contre l'illettrisme », qui sont menacés. Du fait du recentrage des politiques publiques sur les formations qualifiantes conditionnées à l'accès immédiat à l'emploi, ce sont aujourd'hui toutes les actions de remédiation qui sont en péril. Dans un marché du travail qui ne cesse de se complexifier, Yves Vernon s'interroge : « est-ce vraiment préparer la société de compétences de demain que de laisser encore plus en marge une population qui ne parvient pas à maitriser le socle ? » Il en est convaincu, réduire la dette publique en rognant sur l'accès à la formation des publics en difficulté ne fait que faire « peser sur les générations futures le poids d'un déficit de compétences d'une population qui ne sera plus employable. » Pour pallier la baisse des financements publics, les APP explorent, en cohérence avec leur cahier des charges, d'autres sources de financement comme le mécénat et les dons d'entreprise. Mais cette diversification restera limitée, d'autant plus que les difficultés économiques affectent aussi les entreprises.
Élargir les indicateurs
Alors que le communiqué de l'APapp se demande ce qu'il conviendrait de faire pour démontrer aux décideurs la pertinence de l'expertise APP, se pose la question de l'évaluation. Là encore, le débat n'est pas nouveau mais Yves Vernon s'interroge sur la justesse d'une démarche qui fait « peser sur les organismes de formation toute la chaine de l'insertion professionnelle. » Le taux de retour à l'emploi à six mois peut-il être l'alpha et l'omega de la mesure de l'efficacité d'un accompagnement quand les logiques d'émancipation des réseaux d'éducation permanente prônent le temps long ? « Tout le travail autour de la cohésion sociale et de la reprise de confiance d'un public qui, souvent, cumule des problématiques de santé, de logement, de garde d'enfants, de mobilité, d'estime de soi ou d'addiction n'est pas pris en compte », regrette le président de l'APapp. Et de rappeler en conclusion : « nous sommes aussi un outil sociétal du vivre ensemble et du développement des compétences. »
Source : Centre Inffo - 29 10 2024
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