L’ANLCI privilégie « l’observation du réel » dans les entreprises
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- 15 juin 2023
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En présence de nombreux partenaires réunis à Paris le 13 juin, la Journée d’action collective Illettrisme et illectronisme au travail a permis à l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) d’approfondir les bonnes pratiques. Partir du réel, avec l’ensemble des acteurs, est une clé de réussite. Premier volet d’une série de trois articles consacrés à cet événement.
Longtemps sous-dotée au regard de ses objectifs, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) dispose désormais d’une solide implantation territoriale avec ses 18 chargés d’animation régionaux. Autant de renforts bienvenus pour mettre en œuvre les trois priorités de l’association, se réjouit Hervé Fernandez, son directeur général : améliorer le repérage et l’orientation des personnes vers la formation, augmenter le nombre de places aux formations de base dans le monde du travail, conforter et augmenter les solutions sur les territoires. Le tout, pour répondre à un enjeu essentiel : développer la maîtrise du socle des compétences de base en lecture, écriture, calcul et numérique des quelques 2,5 millions de personnes en situation d’illettrisme (voir encadré). Une caractéristique qui n’empêche pas plus de la moitié d’entre-elles d’exercer une activité professionnelle et qui fait dire à Hervé Fernandez : « ces personnes ne sont pas moins intelligentes ni moins compétentes que les autres salariés, mais il leur manque une marche pour faire face aux transformations. »
Discours de la méthode
Un objectif qui passe moins par une solution unique que par des initiatives multiples développées en partenariat avec les acteurs. À l’honneur en cette journée d’action, une expérimentation conduite de mai 2021 à mai 2023 avec les moyens du plan d’investissement dans les compétences. « Plutôt que d’acheter des places de formation à distribuer », explique Hervé Fernandez, préférence a été donnée à « l’observation du réel » en entreprise, avec l’objectif de comprendre comment naît et se développe une politique de lutte contre l’illettrisme. Au terme d’un « accompagnement resserré » et pragmatique, onze entreprises ont ainsi pu imaginer par elles-mêmes la mise en place de parcours clé pour accompagner la formation de leurs salariés en situation d’illettrisme. De l’information à l’évaluation, 8 étapes « incontournables » ont été identifiées et compilées dans un jeu de fiches pratiques à destination des entreprises, Opco et organismes de formation (notre article).
Ev@Gill
« Le point de départ, c’est la prise de conscience », souligne Hervé Fernandez. Pour ce faire, les entreprises disposent d’Ev@gill, outil de diagnostic et d’évaluation en ligne des situations d’illettrisme en milieu professionnel. Précision : il ne s’agit pas d’un outil d’évaluation des compétences de base des salariés – rôle dévolu à Evacob -, mais bien d’un outil de diagnostic de la situation en entreprise établi à partir des signaux faibles de l’illettrisme. En tant que tel, Ev@gill s’adresse aussi bien aux directions et managers opérationnels qu’aux instances représentatives du personnel et organisations syndicales.
Gagnant-gagnant
Au terme de l’expérimentation, 520 salariés en situation d’illettrisme ont développé ou sont en cours de développement de leurs compétences de base, précise Lamia Allal, cheffe de projet Les Incontournables à l’ANLCI. Au-delà des chiffres, le plus important se révèle selon elle dans un résultat gagnant-gagnant pour les entreprises et les salariés. Aux premières, l’ancrage de la problématique dans les stratégies RH au bénéfice de la productivité et de la sécurité au travail, aux seconds un mieux-être, une confiance en soi renouvelée et une dynamique de développement qui s’exprime tant au plan professionnel que personnel. Lamia Allal le souligne, une telle démarche prend du temps et nécessite l’adhésion et la compréhension de l’ensemble des parties, de la gouvernance aux salariés en passant par le management intermédiaire. Au-delà du temps de sensibilisation et d’appropriation, il faut aussi prendre le temps nécessaire à l’inscription de la démarche dans des logiques de parcours et de respect d’étapes : « les compétences de base, c’est souvent la première marche vers la qualification et l’accès à l’autonomie », rappelle Lamia Allal.
De cette perspective découle le caractère systémique des politiques de lutte contre l’illettrisme, qui doivent nécessairement s’intégrer dans la réflexion stratégique globale de l’entreprise.
ILLETTRISME : QUI ET COMBIEN ?
Dans l’attente d’une actualisation qui devrait arriver début 2024, ce sont toujours les données de 2011 qui donnent la température : 7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes en métropole.
Parmi elles, la moitié a plus de 45 ans et plus de la moitié exerce une activité professionnelle. Ainsi que le démontrent les 71 % de personnes en situation d’illettrisme qui parlaient uniquement le français à la maison à l’âge de 5 ans, il n’y a pas de lien direct entre illettrisme et immigration.
Enfin, la moitié des personnes concernées vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées et 10% des zones urbaines sensibles (ZUS).
(source : anlci.gouv.fr)
Source : Centre Inffo - 15 06 2023







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