Intégrer la sécurité dans l’apprentissage des gestes professionnels

Comment mieux enseigner la santé et la sécurité au travail ? s’interrogeaient les participants du colloque « la formation continue en santé et sécurité au travail » mardi 15 novembre. Patrick Mayen, enseignant-chercheur à Agrosup a présenté la création de vidéos pédagogiques santé et sécurité au travail pour l’enseignement professionnel.

« Les formations à la sécurité sont un défi permanent pour les enseignants » : Ils sont « assez démunis » car « on ne leur a jamais appris en quoi consistait la santé et sécurité au travail ». Ils font donc beaucoup « au feeling » et « malheureusement, il y a beaucoup d’ignorances, de croyance, d’opinions trompeuse ou erronées qui perdurent ». Former de manière efficiente Ces capsules vidéos, de 3 à 8 minutes, s’adressent aux enseignants, formateurs et aux élèves, et les thématiques ont été définies lors d’un travail collectif. « Nous repartons à la base : de quoi parle-t-on quand on évoque la santé et la sécurité au travail ? Comment s’y prendre pour former de manière efficiente ? ». Pour Patrick Mayen, il est nécessaire d’apprendre le geste sécurisé en même temps que le geste professionnel. Importance de l’émotionnel Afin de marquer les esprits, Patrick Mayen insiste sur « l’importance de l’émotionnel » : « les enseignants hésitent à faire peur. Mais quand on voit les campagnes de prévention contre le tabac ou les accidents de la route, elles sont faites pour terroriser. Et une des réponses à l’indifférence des jeunes, à cette pensée d’invincibilité, est bien de réintégrer la crainte de l’accident. » Il juge également que les jurys et autres évaluateurs devraient sanctionner les gestes qui ne sont pas réalisés dans les conditions de sécurité, même si le résultat professionnel est là. « Ce devrait être le critère le plus rigoureux de l’évaluation. » Professionnalisation du jury Christelle Joana, chef de projet certification de l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), explique qu’une partie du travail de l’Afpa réside notamment dans la sensibilisation de ces jurys professionnels. « Souvent, ils sont encore en exercice, ou tout juste retraité. Il faudrait disposer d’une journée de professionnalisation du jury, pour aborder les éléments d’évaluation, dont ceux liés à la sécurité. » En outre, l’idée est que ces professionnels « retournent en entreprise avec une nouvelle réflexion sur la question ». L’Afpa travaille également à la prise en compte des risques dans les référentiels des certifications. En collaboration avec l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), l’Afpa pense à la meilleure manière de les retranscrire, « afin que les apprenants deviennent acteurs de la santé et la sécurité dans le geste professionnel mais aussi ambassadeurs autour d’eux. » Apprendre sans risque Laurent Da Dalto, fondateur de l’entreprise Mimbus, propose un apprentissage immersif au service de la santé et de la sécurité au travail. Un simulateur 3D permet aux salariés ou aux apprenants de s’entraîner aux gestes à réaliser sur une machine, par exemple de la découpe de bois. Si le geste n’est pas sécurisé, l’apprenant est obligé de recommencer. Dans l’atelier, le formateur peut également renvoyer un apprenti s’entraîner en 3D s’il le voit ne pas respecter les consignes de sécurité. « Cela permet également de commencer, même jeune, à apprendre un geste sans prendre de risque ».

Source : Centre Inffo - 17 11 2022