A Strasbourg, une mobilisation inédite pour accompagner les publics éloignés de l’emploi

Dans le cadre de l’appel à projets « 100 % inclusion » financé par le plan d’investissement dans les compétences (Pic) , la Maison de l’emploi de Strasbourg a piloté une initiative d’envergure pendant trois ans. Objectif : repérer et accompagner vers l’emploi ou la formation, les publics éloignés du marché du travail. Plus de 400 personnes ont bénéficié de ce programme depuis octobre 2019.

Comment repérer les personnes éloignées de l’emploi, qui évoluent hors des radars de Pôle emploi ou des Missions locales ? C’est le défi relevé par un consortium inédit d’acteurs de l’emploi, de l’insertion et de la formation à Strasbourg, entre octobre 2019 et avril 2023. Leur projet « Focale » se concentre sur le plus grand quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) de l’Eurométropole de Strasbourg : Neuhof-Meinau. La Maison de l’emploi de Strasbourg a réuni des centres sociaux-culturels, des acteurs de l’éducation populaire, de la prévention spécialisée, de l’insertion et de la formation pour monter une équipe de référents. « La première porte d’entrée est l’éducation populaire. Les personnes en rupture avec le service public de l’emploi sont connues des centres socioculturels, des animateurs et des éducateurs, ou encore des associations de quartier », explique Guillaume Kieffer, chef de projet à la Maison de l’emploi de Strasbourg. Ce travail de repérage est suivi d’un travail de remobilisation par le sport, ou à travers des projets pour le quartier. « Lorsque les personnes sont prêtes, nous allons vers des projets de formation ou professionnel », reprend Guillaume Kieffer.

Une formation pour repérer les compétences

Le programme se singularise par sa capacité d’adaptation. Sur le principe des entrées et sorties en continu, les participants ont pu piocher dans les différents dispositifs pour composer leur parcours. A commencer par des actions rémunérées : les activités à la carte dans des entreprises, chantiers éducatifs ou CDD en entreprise d’insertion. « C’est d’abord une réponse aux personnes qui nous disent, « je n’ai pas besoin d’un stage, j’ai besoin de gagner de l’argent ». Les activités rémunérées à la carte permettent de proposer une rémunération, même si l’emploi ne correspond pas à leur projet professionnel », explique Guillaume Kieffer. L’expérience de travail est ensuite mise à profit par le compagnonnage réflexif, afin de mettre sur le papier les compétences acquises et transférables à un autre emploi. Le travail s’articule autour de séances de coaching et de réflexions individuelle et collective et s’appuie notamment sur des images ou des vidéos des participants en situation de travail. Cette action est portée par un des membres du consortium, le centre de formation strasbourgeois l’Atelier, spécialisé dans l’insertion sociale et professionnelle. Les bénéficiaires du dispositif Focale ont pu s’inscrire à différentes actions de formation pendant leur parcours, comme l’initiation aux outils numériques ou le français langue étrangère. Un accompagnement social était assuré en parallèle pour lever les problématiques périphériques liées, par exemple, au logement ou à la santé.

Bonne pratique d’inclusion

D’octobre 2019 à avril 2023, le parcours Focale a bénéficié à 422 personnes. 39 % des participants ont trouvé un emploi, intégré une formation qualifiante ou créé leur entreprise. 21 % ont trouvé un emploi temporaire et 22 % ont réintégré un suivi par Pôle emploi ou par la Mission locale. Ce parcours sur-mesure a été repéré comme une bonne pratique d’inclusion vers l’emploi des personnes en situation de décrochage. Il est mentionné dans les guides sur « Les meilleures pratiques du PIC » édités par le ministère du Travail et le Haut-commissariat aux compétences.

Source : Centre Inffo - 19 04 2023