L’hôpital public innove pour recruter en Alsace

Une vidéo pour draguer les jeunes diplômés sur les réseaux sociaux, des portes ouvertes pour jouer la transparence en ces temps d’image dégradée: comme ailleurs en France, les hôpitaux alsaciens cherchent de nouvelles façons d’attirer les compétences, parfois rares, souvent enclines à aller voir ailleurs.

« Les us et coutumes des jeunes ont changé. Nous avons revu notre stratégie de communication », explique Céline Dugast, directrice des ressources humaines ces six dernières années et désormais directrice générale adjointe. « Nous allons tenter cette expérimentation, avec un message décalé dans la forme. Il faut montrer au public visé notre capacité à innover et surtout à nous différencier. »

De son côté, le groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA) organisait le mois dernier une « semaine du recrutement », avec des portes ouvertes et un « job dating », en collaboration avec Pôle Emploi. Une première pour le groupe, qui avait quelque 150 postes à pourvoir immédiatement, et même une première à l’échelle nationale, selon la direction.

L’a½uence s’est avérée supérieure aux prévisions et le principe a semblé plébiscité par les participants. Le mardi, dans les couloirs de l’hôpital femme-mère-enfant inauguré en 2018 – une belle vitrine –,deux groupes de candidates (35 inscrits, dont un seul homme) ont découvert, dans un chassé-croisé, le parcours du patient aux urgences et les différentes spécificités de la pédiatrie générale. Parmi elles, des profils variés : aides-soignantes, auxiliaires de puériculture, diététiciennes, étudiantes infirmières, secrétaires médicales, sage-femme, qui ont pu échanger avec leurs possibles futures collègues à l’issue de la visite, de façon directe et décontractée. Comme le souligne Caroline Belot, directrice des ressources humaines, « on se dit des choses différentes entre pairs ».

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En réaction, les hôpitaux tentent de sécuriser des recrutements en amont de l’obtention des diplômes, avec de la pré contractualisation ou des contrats d’allocation d’études (CAE), qui prévoient le versement d’une allocation en dernière année en contrepartie d’un engagement de service d’au moins dix-huit mois. « Les étudiants viennent durant l’été. On leur fait découvrir un environnement épanouissant et on essaie de tisser des liens pour les fidéliser », souligne Céline Dugast. Depuis la nébuleuse des réseaux sociaux jusqu’aux visites sur mesure, l’hôpital public est aujourd’hui contraint de multiplier les stratégies de séduction.

Pas que des métiers de santé

Actuellement en « contrat d’engagement jeune » à Pôle Emploi,Lakhdar et son ami d’enfance Jordan, 23 ans, ont participé au « job dating » organisé le mois dernier à l’hôpital de Mulhouse. Le premier a un CAP et un bac pro électricien, il a travaillé pour la ville de Mulhouse puis en intérim. Il souhaite désormais un CDI, une situation stable « pour construire une vie ». Le second,armé d’un simple CAP d’agent polyvalent de restauration, vise un poste d’agent de nettoyage en cuisine.

Électriciens,électromécaniciens,plombiers,agents de sécurité..

Le centre hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA, 6 500 salariés)recrute plus de 800 personnes par an, dans 150 métiers différents, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (Hus, 12 000 salariés) plus de 1 000 personnes,hors médecins.

Problème : les hôpitaux n’apparaissent pas spontanément comme de potentiels employeurs pour ces profils et se trouvent souvent en concurrence avec une industrie qui peine aussi à recruter. Depuis septembre 2021, ils sont autorisés à recourir à l’apprentissage. Une vingtaine de jeunes sont actuellement sous contrat aux Hus.

Source : DNA - 14 06 2022