GLN : À Jarny, en Meurthe-et-Moselle, un entrepreneur lorrain veut relancer l’exploitation d’une mine de fer
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- 22 août
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Dirigeant d'un groupe de BTP et d’immobilier, le groupe Daville, Jean-François Daville porte un projet visant à relancer l’exploitation de la mine à Jarny, en Meurthe-et-Moselle. 700 millions d’euros d’investissement et 1 000 emplois seraient nécessaires, pour extraire jusqu’à 2 millions de tonnes de minerai de fer par an.
L’idée a fait son chemin jusqu’à l’Élysée. Et sera étudiée le 12 août prochain, à l’occasion d’un rendez-vous programmé avec le ministre de l’Aménagement du territoire, François Rebsamen. "Il y a quelques années maintenant, j’ai commencé à m’intéresser aux mines de Jarny, en Meurthe-et-Moselle, déroule Jean-François Daville, le dirigeant du groupe éponyme. Je voulais comprendre pourquoi la mine avait fermé et en fouillant, je me suis rendu compte qu’aujourd’hui, il est devenu possible de la rouvrir."
Un candidat aux municipales passionné par les projets industriels
Originaire de Jarny, d’abord artisan dans le bâtiment, Jean-François Daville est aujourd’hui dirigeant du Groupe Daville qui emploie une vingtaine de personnes, au sein de trois entités : Daville Solutions Bâtiment, Daville Pro Immobilier et Easy Loc IA. Candidat à la mairie de Jarny aux prochaines élections municipales, le dirigeant se dit "passionné par la création de projets", et avoue ne pas dormir beaucoup la nuit, pour trouver les "centaines d’heures" nécessaires à comprendre l’histoire de la mine, fermée en 1986 à Jarny.
La technologie pour produire un minerai plus riche en fer
Pour un investissement total de 700 millions d’euros, Jean-François Daville pense qu’il est possible de relancer l’exploitation d’une mine de fer à Jarny. Souterraine, cette exploitation devra se faire de manière automatisée, sans mineur de fond. Les technologies minières actuelles devront permettre de produire un minerai riche à 50 % en fer, contre 35 % naturellement. "C’est le niveau demandé par les industriels pour pouvoir exploiter le minerai", précise le dirigeant du groupe Daville.
"Potentiellement jusqu’à 12 millions de tonnes par an"
Après une première année de rodage pendant laquelle 500 000 tonnes de minerai de fer seront extraites, Jean-François Daville veut atteindre les 2 millions de tonnes au cours de la cinquième année d’exploitation. "À terme, et selon les besoins nationaux, la capacité pourrait être portée à 10 voire 12 millions de tonnes par an. Avec les nouvelles technologies, aucune difficulté technique n’empêcherait d’atteindre ce niveau", estime Jean-François Daville.
Le sous-sol comme lieu de stockage du CO2
Lors de la fermeture des mines, à Jarny et en Lorraine, la tonne de minerai de fer se négociait autour de 5 000 Francs contre "3 500 à 4 000 Francs pour le minerai étranger", rappelle Jean-François Daville. L’entrepreneur veut faire reposer l’équilibre économique du projet non pas sur la vente du minerai de fer, mais sur l’exploitation du sous-sol : d’abord pour le stockage de CO2 en le mêlant à des déchets de chantiers inertes, mais aussi en utilisant la chaleur du sous-sol pour créer des boucles de géothermie.
D’après les projections de Jean-François Daville, l’exploitation devra permettre de dégager un chiffre d’affaires annuel, incluant le traitement de déchets et de boues industrielles, de plus de 300 millions d’euros, pour des coûts d’exploitation qui ne dépasseront pas les 140 millions d’euros. Si le projet prévoit la création de 200 emplois directs, au total, ce sont 1 000 emplois qui seront nécessaires dans le bassin de Jarny, pour assurer notamment la logistique et la sous-traitance.
Des contacts avec ArcelorMittal
"Dans ma pré-étude, je propose de créer une société pour porter le projet qui serait détenue à 33 % par la ville de Jarny, 33 % par l’État et 33 % par un privé", détaille Jean-François Daville. En se disant prêt à solliciter des aides publiques pour boucler le financement du projet : fonds européens, prêts de Bpifrance ou de l’Ademe.
L’entrepreneur indique aussi être déjà en contact avec le géant de la sidérurgie ArcelorMittal, qui exploite au Canada la mine de Mont-Wright, et en tire chaque année 26 millions de tonnes de minerai de fer, soit 30 % de l’approvisionnement du groupe. "Je n’ai aucun engagement de leur part, mais le président du groupe en France, Alain Le Grix de la Salle, m’a mis en relation avec leurs équipes techniques", précise Jean-François Daville.
100 % du minerai de fer importé en France
"La France importe aujourd’hui 100 % de son minerai de fer, principalement depuis des pays lointains", regrette le dirigeant en rappelant que le sous-sol lorrain contient encore du fer. Une affirmation que l’entrepreneur veut consolider en sollicitant notamment le concours du BRGM, le Bureau de recherches géologiques et minières, qui fait autorité en la matière en France.
Pour Jean-François Daville, l’enjeu principal du projet réside dans la souveraineté industrielle de la France. "Le projet correspond à ce qu’Emmanuel Macron cherche à faire : relocaliser l’industrie en France", argumente-t-il. Pour autant, le dirigeant se dit "surpris par la vitesse de réaction des plus hautes sphères de l’État". L’envoi d’un courrier au président de la République détaillant le projet a déjà permis à Jean-François Daville d’être reçu par la préfète de Meurthe-et-Moselle. "Mais pour un projet d’une telle ampleur, tout se joue au niveau de l’État", insiste l’entrepreneur, sans occulter la question du code minier qui régit l’ensemble des usages du sous-sol en France.
Source : Journal des entreprises - 24 07 2025
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