CPF co-construit : les employeurs convaincus mais encore prudents
- Administrateur
- 18 juil.
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« Un point de bascule est aujourd'hui atteint dans le CPF co-construit, porté par un nouveau cadre juridique et des fonctionnalités techniques adaptées », selon les dirigeants de l'organisme de formations linguistiques Lingueo, Arnaud Portanelli et Guillaume Le Dieu de Ville. Une majorité d'entreprises qu'ils ont sondées jugent néanmoins ces cofinancements complexes.
Conçu à l'origine comme un dispositif individuel mobilisable par les actifs, le CPF (compte personnel de formation) devient de plus en plus un outil de co-construction de parcours de formation entre les salariés et les employeurs. Cette évolution a franchi un nouveau cap avec la publication du décret n° 2025-341 du 14 avril 2025 relatif aux modalités d'alimentation supplémentaire du CPF. Ce texte simplifie et sécurise les modalités de versement des dotations supplémentaires des employeurs sur le CPF d'un salarié. Ils peuvent désormais flécher l'usage de leurs dotations vers certaines formations éligibles dans le cadre d'un projet co-construit, et obtenir le remboursement sous certaines conditions.
C'est également sur la base des principes de co-construction et de co-financement via le CPF que les partenaires sociaux ont bâti leur accord national interprofessionnel sur les transitions et les reconversions professionnelles du 25 juin 2025 en cours de transposition dans la loi.
Une co-construction prévue depuis le départ
« La co-construction est prévue depuis le départ mais le grand public a longtemps considéré le CPF comme l'héritier du DIF (droit individuel à la formation) et, à ce titre comme un droit strictement individuel. Ce sont les difficultés de mise en œuvre des abondements des employeurs qui ont freiné le développement de parcours co-construits. Le décret du 14 avril 2025 devrait lever ces blocages et faire changer les mentalités sur le CPF », déclarent Arnaud Portanelli et Guillaume Le Dieu de Ville, les co-fondateurs de Lingueo qui enregistre 28% de CPF co-construits.
Les employeurs semblent mûrs pour cette co-construction. Entre 2020 et 2024, ils ont volontairement versé 83 M€ pour soutenir les projets de formation de 42 000 salariés, dont 70% ont été consommés, constate la Caisse des Dépôts. Et dans un sondage réalisé par Lingueo auprès de 52 dirigeants, et publié le 25 juin à l'occasion d'une table-ronde organisée par la Caisse en présence de la DGEFP (Délégation générale à l'emploi) et d'entreprises, 84% des répondants se déclarent favorables à « un CPF co-construit entre salarié, entreprise et plateforme EDEF, l'Espace des employeurs et des financeurs sur Mon Compte Formation ». Pour les dirigeants de Lingueo, « un point de bascule est atteint porté par un nouveau cadre juridique et des fonctionnalités techniques adaptées ».
Des employeurs engagés mais prudents…
Sur les 52 répondants, 63% ont déjà cofinancé des formations CPF : 80% pour renforcer l'engagement des collaborateurs, 68% pour profiter d'un financement partagé, 64% pour orienter les choix vers des compétences-clés pour l'entreprise. Ce cofinancement semble complexe pour 72% des répondants ; 36% relèvent un manque de clarté des règles et 44% une absence d'outils de pilotage. Pourtant EDEF propose désormais un suivi renforcé des abondements, un espace financeur qualifié d'ergonomique et une gestion des remboursements.
Chez Schneider Electric, le cofinancement s'effectue à hauteur de 35% sur une sélection de formations stratégiques (digital, IA, pédagogie), et au moins 50% pour les formateurs internes et les tuteurs. La prise en charge est de 100% pour les collaborateurs ayant épuisé leurs droits CPF. Le groupe rembourse même les sommes engagée par le salarié en cas de reconversion externe, afin de « lever les freins psychologiques à l'utilisation du CPF ».
… Et des prestataires tiers de confiance
Selon les dirigeants de Lingueo, c'est « une nouvelle ère » qui s'ouvre pour le CPF. « Il y a encore quelques mois, on n'en parlait plus car ce dispositif était associé aux fraudes et aux escroqueries. Aujourd'hui, les entreprises demandent aux prestataires de les accompagner dans la co-construction. Ils sont devenus des tiers de confiance. »
Source : Centre Inffo - 17 07 2025
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