L'Afest, une démarche pédagogique au cœur du travail
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- 2 oct.
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Que nous disent les retours terrain de la mise en œuvre de l'Action de formation en situation de travail (Afest) ? Une master Class Centre Inffo animée par Béatrice Laurentin, consultante en ingénierie et politiques de formation, a brossé le portrait d'une démarche pédagogique qui réconcilie la formation et le travail.
Le consensus est clair : l'Afest n'est ni une solution miracle sur catalogue, ni un simple effet de mode. Pour Henri Occre, directeur associé C-Campus, d'une part les pratiques de formation en situation de travail n'ont pas attendu le cadre réglementaire de 2018 pour exister, d'autre part, le temps où les DRH s'intéressaient à l'Afest par opportunisme devant ce qui pouvait relever d'une simple opération de marketing de la formation est révolu.
Levier de transformation
Si la modalité Afest reste floue pour bien des acteurs, une maturité croissante s'observe : comme le souligne Frédérique Gérard, fondatrice de Participe Présent, la demande d'Afest par les entreprises est désormais de plus en plus souvent « la fin de la conversation, pas le début. » Le véritable point de départ est un « défi compétences, une compétence critique à développer » face à des problématiques RH concrètes.
Pour Fabienne Caser, chargée de mission au département Expérimentations de l'Anact, l'Afest est un « véritable levier de transformation » qui permet de « déployer des compétences collectives organisationnelles au service d'un travail de qualité. » Pour souligner la capacité de la démarche à révéler le sens du travail, elle donne l'exemple d'aides hôtelières en établissement hospitalier qui, grâce à ce dispositif, ont réalisé qu'elles étaient un « maillon central » dans le parcours de soin.
Organisation apprenante
Selon l'expression de Béatrice Delay (France compétences), l'Afest agit comme un « Cheval de Troie » qui permet de reconnecter les enjeux de performance de l'entreprise avec ses pratiques de formation. Le cœur de la démarche réside dans une interrogation soulignée par Frédérique Gerard : « comment faire en sorte que le travail soit le plus apprenant possible lors de temps ciblés ? » Au fond, il ne s'agit pas d'un cadre légal ou d'une case à cocher, mais d'une philosophie de l'apprentissage. Henri Occre insiste sur un point qui semble évident mais que l'on oublie souvent : on n'apprend pas seulement « avant » ou « à côté » du travail, on apprend « par le travail, dans le travail et pour le travail. » Mais pour que cela fonctionne, la démarche doit être pensée comme un « projet de management », un instrument de pilotage de la performance de l'entreprise. À cette condition, « l'Afest reconnecte le management de proximité avec la réalité des pratiques professionnelles », souligne Fabienne Caser.Aussi et d'après les retours terrain, les clés d'un déploiement réussi résident dans le passage des situations de travail au tamis de la pratique réflexive, l'implication des managers et la valorisation des tuteurs et experts.
L'Afest, demain ?
Le plein déploiement du potentiel de l'Afest passe par plusieurs défis. Au premier rang desquels le défi « organisationnel et managérial », qui suppose de passer d'une logique de dispositif à un véritable projet d'entreprise. Pour Henri Occre, cela implique la transformation du modèle économique, d'un financement à l'heure vers un investissement dans « l'infrastructure formative » de l'entreprise. Pour Fabienne Caser, l'Afest doit servir à moderniser l'organisation en confrontant le management à la réalité du terrain et à l'obsolescence de certains outils de gestion.
Frédérique Gerard pointe en deuxième position un défi de communication et d'accompagnement. Il y a pour elle un enjeu majeur à « clarifier » pour sortir du « brouillard » qui entoure encore le terme. Fabienne Caser appelle, elle, à « inventer des choses, peut-être en termes de mutualisation » via des écosystèmes territoriaux pour soutenir dans la durée l'accompagnement des entreprises, notamment les PME.
Enfin, c'est aussi un défi « technologique et prospectif » qui se dessine avec l'essor de l'intelligence artificielle. « Il y a un besoin urgent de recherche pour en comprendre vraiment les effets », conclut Frédérique Gerard.
Afest - Bilans et perspectives, dossier documentaire Centre Inffo, septembre 2025 :
ressources-de-la-formation.fr/doc_num_data.php?explnum_id=27929
Source : Centre Inffo - 02 10 2025







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