JNAI 2025 : l'illettrisme concerne aussi les jeunes
- Administrateur
- 10 sept.
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Placée sous le signe de la jeunesse, l'édition 2025 des Journées nationales d'action contre l'illettrisme (JNAI) vient rappeler que 11% des jeunes sont en forte difficulté avec les compétences de base.
« À l'Agence, c'est l'année des jeunes », rappelle Cécile Jaffré, directrice de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme en ouverture du webinaire de lancement des JNAI 2025 : « il ne faut pas attendre pour créer les conditions d'une seconde chance et du réapprentissage, de l'autonomie pour lire, écrire, compter et utiliser le numérique. » L'objectif est clair : casser le cycle de la reproduction des inégalités et offrir à chaque jeune la possibilité de maîtriser les compétences de base.
Elise Bernert, responsable de l'Observatoire de l'ANLCI, a présenté en détail le dossier « Jeunes », disponible en ligne sur le site de l'ANLCI (Agence nationale de lutte contre l'illettrisme). Ce rapport, structuré en cinq parties, dresse un état des lieux inédit de la situation des 18-29 ans face aux compétences de base. Chaque partie inclut des données de contexte général et des données sur les compétences ou la scolarité, ainsi que des verbatims extraits de témoignages de jeunes.
Chiffre clé
« Le chiffre clé à retenir, c'est 11 % des jeunes de 18-29 ans en forte difficulté avec les compétences de base, soit 937 000 jeunes », souligne Elise Bernert. Ces difficultés portent principalement sur la numératie (69%), tandis que 10% sont en difficulté avec la littératie et 21 % cumulent les deux. Les tests à la JDC (Journée Défense et Citoyenneté) révèlent qu'à 17-18 ans, 11,8 % des jeunes sont en difficulté de lecture, dont 6,8 % en très faibles capacités et 5 % en difficultés sévères assimilable à de l'illettrisme. Le niveau de diplôme reste le facteur le plus discriminant et les disparités territoriales sont marquées. Si aucun territoire ne protège de l'illettrisme, les difficultés s'accentuent en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), zones rurales et villes de faible densité. Plus d'un jeune sur deux en forte difficulté réside en dehors des grandes villes. Une carte basée sur les données de la JDC montre que les DROM, certains départements du Nord et l'extrême Sud de l'Hexagone sont plus touchés par les difficultés de lecture.
Compétences numériques
L'illectronisme touche aussi les jeunes : 25 % ne possèdent pas de compétences numériques dans au moins un des cinq domaines clés (recherche d'informations, communication et collaboration en ligne, utilisation de logiciels, confidentialité et protection de la vie privée, résolution de problèmes). Un jeune sur douze ne communique pas par mail, un sur quatre ne consulte pas ses comptes bancaires en ligne et trois sur dix n'ont pas eu d'activité sur les réseaux sociaux dans les trois derniers mois. Surtout, 33 % des jeunes en forte difficulté ne font pas de démarches administratives seuls sur Internet, contre 18 % pour les autres jeunes.
Insertion professionnelle et sociale
Parmi les jeunes en forte difficulté, trois quarts sont actifs (plus d'un sur deux en emploi et 19% en recherche d'emploi). Les jeunes en emploi sont 10% à être en forte difficulté, et ceux en recherche d'emploi 17% (soit 1 sur 6). Les jeunes suivis en mission locale sont deux sur trois à être peu ou pas diplômés (inférieur au bac), et un sur trois pour les jeunes demandeurs d'emploi. Les jeunes suivis par les Missions d'Insertion des Travailleurs (MIT) sont deux fois plus touchés, avec 21% en forte difficulté avec les compétences de base, contre 9% pour les autres. Les jeunes suivis par la PJJ[ 1 ] ou l'ASE[ 2 ] présentent des taux de déscolarisation et de non-diplomation nettement supérieurs à la moyenne : parmi les jeunes accueillis en structure ASE, 17% n'ont aucun diplôme à 20 ans (contre 8% pour l'ensemble des jeunes), et 3 jeunes sur 4 incarcérés suivis par la PJJ étaient déscolarisés avant leur incarcération.
Pauvreté et compétences de base
Les jeunes issus des 40 % de foyers les plus modestes sont deux fois plus touchés par les difficultés de base. « Simplement, on n'arrive pas aujourd'hui à déterminer quelle est la cause, quelle est la conséquence » de la corrélation entre le revenu et les difficultés », précise Élise Bernert.
Un quiz en ligne Jeunes et compétences de base, accessible ici, compile les chiffres clés et assortit chaque réponse d'un commentaire et de liens vers des ressources.
1 jeune sur 10 est en forte difficulté avec les compétences de base - Une photographie des jeunes 16-29 ans. Dossier réalisé par Florian Allesiardi et Elise Bernert, Observatoire de l'illettrisme et de l'illectronisme de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme, 32 p., septembre 2025 :
anlci.gouv.fr/ressources/1-jeune-sur-10-est-en-forte-difficulte-avec-les-competences-de-base/
Journées nationales d'action contre l'illettrisme, 8 au 15 septembre 2025 : illettrisme-journees.fr/
Source : Centre Inffo - 09 10 2025
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