GA : Newcleo obtient le feu vert de l’Aube pour acheter le terrain de son usine à 1,8 milliard d’euros

Le département de l’Aube vient de donner un avis favorable à la vente d’un terrain de 46 hectares sur les communes de Pont-sur-Seine et Marnay-sur-Seine à Newcleo : la start-up franco-italienne franchit une étape en vue d’implanter une usine de production de combustible nucléaire.

Pour Philippe Pichery, le président du Conseil départemental de l’Aube, c’est une "étape décisive". "Le conseil départemental vient de valider la promesse de vente du site de Pont-sur-Seine à l’entreprise Newcleo", se félicite l’élu. Un avis favorable qui permet à la start-up franco-italienne de franchir une étape vers la construction d’une usine de production de combustible nucléaire, de type MOX, pour Mixed Oxide, à partir de matières nucléaires issues du retraitement de combustibles usés. Un projet à 1,8 milliard d’euros, créateur de 850 emplois au démarrage et 1 700 à plein régime. Le combustible produit est destiné à alimenter les réacteurs à neutrons rapides refroidis au plomb et développés par Newcleo.

Du déchet à une ressource stratégique

"En implantant notre future installation de fabrication de combustible dans l’Aube, nous montrerions que le nucléaire de quatrième génération peut transformer ce qui est aujourd’hui considéré comme des déchets — les combustibles usés d’autres réacteurs — en une ressource stratégique pour l’Europe", souligne Stefano Buono, fondateur et PDG de Newcleo. Employant déjà plus de 1 000 salariés, répartis en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Suisse et en Slovaquie, la start-up du nouveau nucléaire revendique un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2024. Suite à une levée de fonds bouclée en 2024, auprès d’investisseurs tels que le fonds de pension italien Inarcassa et le fonds de capital-risque Exor Seeds, de la famille Agnelli, l’entreprise a rassemblé plus de 537 millions d’euros de financements privés.

Vers un total de 5 milliards d’euros d’investissement

Le terrain retenu par Newcleo pour son usine de combustible est une parcelle de 46 hectares située à cheval entre les communes de Pont-sur-Seine et Marnay-sur-Seine, propriété du département. Une surface importante qui pourrait abriter jusqu’à trois lignes de production de combustible nucléaire. "Conçue de façon modulaire, l’installation pourrait faire évoluer sa capacité de production en fonction des besoins", précise l’équipe de Newcleo dans un communiqué. Concrètement, la première ligne, prévue pour être mise en service en 2030, mobiliserait jusqu’à 2 000 personnes pendant sa construction et générerait 850 emplois directs. À l’horizon 2040, un investissement supplémentaire de 3,2 milliards d’euros permettrait de créer deux lignes supplémentaires, portant à 1 700 le nombre d’emplois directs sur le site.

Saisine de la Commission nationale du débat public

Soucieuse de ne pas rencontrer d’opposition dans la population locale, Newcleo a saisi la Commission nationale du débat public. Une saisine portant sur deux des projets envisagés par la start-up : l’installation de fabrication de combustible MOX dans l’Aube et le réacteur nucléaire LFR-AS-30, qui doit sortir de terre sur le territoire de la communauté de communes Chinon, Vienne et Loire, en Indre-et-Loire. D’une puissance de 30 MW, ce réacteur doit être mis en service à horizon 2031. Ensemble, les deux projets vont nécessiter un engagement financier estimé entre 5 et 7 milliards d’euros.

Dans la dynamique de la candidature du territoire pour une paire d’EPR2

Ravis de voir leur territoire retenu pour ce type de projet, les élus locaux ne semblent pour autant pas rassasiés. Ainsi, François Baroin, le président de Troyes Champagne Métropole, salue le projet de Newcleo, projet qui s’inscrit "dans la dynamique de la candidature du territoire, que j’ai appelé le Serment de Nogent début 2023, pour accueillir deux nouveaux EPR2 sur le site de la Centrale de Nogent-sur Seine".

Source : Journal des entreprises - 10 07 2025