En construction, ROME devra être accessible aux salariés (Adevcomp)

En cours de d’élaboration, le futur répertoire opérationnel des métiers (ROME) de Pôle emploi suscite beaucoup d’espoirs chez les professionnels de la formation. A l’occasion d’une présentation organisée par Adevcomp, ces professionnels soulignent également que le ROME devra être accessible aux salariés.

Après trois ans de travail, Pôle emploi présentait, le 17 mai, son futur répertoire opérationnel des métiers (ROME 4.0) à de futurs utilisateurs, lors d’un webinaire organisé par l’Association pour l’accompagnement et de développement des compétences (Adevcomp). Actuellement, le ROME 4.0 n’est ni opérationnel ni complet et ne le sera pas avant un délai que Catherine Beauvois, directrice du projet Compétences 4.0 à Pôle emploi, ne précise pas. Elle explique que les fiches emploi composant le répertoire vont progressivement « passer de 532 à 3 000 d’ici deux ans » mais qu’elle ne sait « pas encore quand les 1 000 premières seront prêtes ». Le site « métiersscope » de Pôle emploi les décompte (532 actuellement).

Approche par compétences

Le ROME 4.0 présenté ce 17 mai est donc plutôt une version bêta pleine de promesses : créer un langage partagé sur les compétences ; fournir à Pôle emploi et aux autres opérateurs de l’emploi un référentiel de compétences qui couvre aussi la fonction publique ; faire le pont entre offres d’emploi et offres de formation ; lier offre et demande au niveau du territoire. Lancé il y a trois ans lorsque le déficit de main d’œuvre dans certains métiers et les besoins générés par la transition numérique et écologique sont devenus patents, le ROME 4.0 a pour objectif de faciliter les mobilités professionnelles y compris d’une branche à l’autre, pour, in fine, réduire les tensions sur l’emploi.

« Le ROME 4.0 va faciliter l’approche par compétences », se réjouit Sophie Clamens, déléguée générale de la Fédération des CIBC (bilans de compétences). « Une fois les compétences modularisées, les acteurs publics seront mieux outillés pour acheter des formations », souligne de son côté Ludovic Bertrand, directeur du Réseau CARIF-OREF [ 1 ]. Il se demande néanmoins comment seront valorisées les compétences transverses (communication, respect des règles…). « Les 532 fiches actuelles limitent l’accompagnement aux changements de métier, plus nous aurons d’outils en commun, plus nous pourrons accompagner de personnes », remarque pour sa part Stéphan Guenezan, directeur de Transition Pro Haut de France. Il ajoute qu’en tant qu’acheteur de formations, il est demandeur d’une visibilité sur les métiers recherchés par territoire.

Ne pas oublier les salariés

Passé ce moment d’enthousiasme entre pairs, plusieurs participants s’inquiètent quand même que le ROME 4.0 ne parle pas aux salariés, alors même que la loi « avenir professionnel » ambitionne de les autonomiser. « Pour le moment, les salariés parlent le langage des métiers, pas celui des compétences, analyse Florence Gelot, responsable éducation-formation du Medef. Que les professionnels de la formation se comprennent entre eux est une bonne chose, mais il ne faut pas que les salariés restent sur le bord du chemin ». Elle s’inquiète par ailleurs de voir combien Catherine Beauvois est « seule » pour accomplir ce travail de Romains.

D’où la question : comment diffuser le ROME 4.0 ? Catherine Beauvois compte sur les branches et les Opco pour en faire un « outil partagé et un bien commun ». Elle souligne également que le ROME 4.0 est un outil libre de droits dont « les acteurs pourront se saisir ». Et précise que sa nomenclature sera exposée en septembre 2023.

Source : Centre Inffo - 24 05 2023